Enfin un peu de repo. Cela faisait quelques jours que j’étais enfermée à l’infirmerie, subissant la punition de Thomas envers Dimitri et… la mienne pour ne pas avoir su rendre Dimitri docile aux désirs de notre recruteur. Dormant enfin, je m’étais assoupie après avoir bu une potion que l’on m’avait apporté afin d’amoindri le choc post traumatique qui m’empêchait de fermer l’œil. Quand enfin je m’étais endormie, c’était ma roseraie dans la main et un peu de poudre de lutin dans le nez. Couvrant ainsi les derniers restes de ce que j’aurai pu avoir en guise de rêves.
Sur le coté, la tête coincée entre deux oreillers, je semblais dormir du sommeil du juste, hors ce n’était pas le cas. Les drogues me reposaient mais ne me donnaient pas le bénéfice d’un véritable sommeil. Je me reposais, mais sans réellement le faire.
Dans mes rêves, la douleur brulante de la baguette de Thomas le long de ma peau me revenait. Je ressentais tout ce qui était arrivé cette nuit là, encore et encore, dès que je fermais les yeux cette sensation me revenait et me hantait. Le pire avait été de voir le regard déçus des deux Severus. Entre celui qui m’avait sauvé la vie et l’autre qui me considérait comme une traite pour avoir passé quelques minutes en compagnies de Dimitri. Je ne savais plus où mettre la tête. Je ne pouvais pas avouer à la version adolescente que tout ce qui était arrivé était pour le protéger, non. Je ne pouvais pas non plus dire à l’adulte que je me sentais souillée. Aux yeux des deux, cela n’était que de ma faute. Ne pouvais-je donc jamais rien faire de bien aux yeux de ces deux-la ?
Je devais trouver une solution pour me détacher du jeu malsain de Thomas, je devais m’éloigner de lui et ne plus penser à ce qu’il pourrait faire aux miens, au fond, je savais et j’avais toujours su qu’ils pourraient se défendre seuls, non ?
Le bras tendu dans mon lit et dépassant, j’ouvris les yeux quelques secondes. De coté dans mon lit inconfortable d’infirmerie, j’essayais de me rendormir en vain. Les choses devenaient bien trop compliquées.

« Les hommes sont stupides, tu l’apprendras rapidement à tes dépends. »

La tête plongée dans les oreillers, je ne bougeai toujours pas, je m’étais juste contentée de répondre. Et que pouvais-je lui dire en dehors de cela ? Je n’étais pas la meilleure des personnes et encore moins la plus prête à avoir des enfants. Quand nous avions traversés le temps je ne m’étais pas attendue à tomber sur ma progéniture. Je n’avais jamais voulu d’enfant, je ne voulais pas leur faire vivre ce que j’avais vécus et au fond, j’avais peur de reproduire le schéma de mes parents. D’un coté c’est exactement ce que j’avais fais en mourant, aussi laissé ma progéniture dans une vie vide d’amour. Ce qui me rassurait presque était de la voir si peu active et coincée par rapport à moi qui me laissais aller dans tous les jeux possibles. Peut être était-ce aussi du à l’époque dans laquelle elle avait grandit où Severus avait fait assez attention pour éviter qu’il ne lui arrive la même chose que moi. Au final, il avait su devenir un meilleur père que je ne serai mère. Lorsqu’enfin je me décidai à quitter les oreillers dans lesquels j’étais plongée, ce ne fut sans reprendre la couleur si noir de mes cheveux et l’apparence que tous me connaissait. Seul des bandages couvraient ma poitrine et la cicatrice qui se formait au fur et à mesure dans mon dos. Une de plus, je n’en étais plus vraiment à y faire attention….

« Ne sois pas désolé pour lui. Tout ce qui arrive est de sa faute. A convoiter les biens d’autrui l’on finit toujours par se bruler les ailes. D’une manière où d’une autre, il a eut la chance de dire non mais cet idiot ne l’a pas fais, trop poussé par le cerveau qu’il a placé entre les jambes. »

Je l’observais de ses yeux vert clair qui étaient identiques aux siens. Je me demandais comment elle avait pu vivre en compagnie de Severus si longtemps sans qu’il n’ait partagé aucun de nos souvenirs avec. Certes, ils n’étaient pas tous joyeux, mais nous restions amoureux l’un de l’autre. Il restait celui pour lequel j’avais tout fait. Tout pour lui. N’avais-je pas rejoins un camp dont je ne croyais pas aux idéaux juste pour le protéger ? N’avais-je pas faillis mourir par amour pour lui et au final, j’avais finis par perdre la vie dans le petit jeu qui l’avait gardé en vie…
Apprendre qu’il avait été recruté à ma mort m’avait pas mal retournée, pourquoi ? Parce que j’avais l’impression que tout les sacrifices que je faisais et que j’allais faire ne servaient à rien, strictement rien. Depuis que j’étais ici je cherchais un moyen de me défaire de Thomas et de sa secte. Je savais que je finirai par y arriver et je refusais que quelqu’un comme Dumbledore entre dans mes petites affaires.
Revenant à mes esprits, je m’assis sur le lit d’infirmerie que j’occupais depuis quelques jours. Je n’étais pas réellement en état de marcher pour le moment, tout geste trop brusque rouvrait la cicatrice. Severus avait beau avoir trouvé une solution pour guérir mon dos, le venin qui coulait dans mes veines restait tout de même puissant. Je savais que la question que j’allais posée à Némésis ne l’enchanterait guère, mais… n’était-ce pas comme ca que je pourrai essayer d’arranger l’image qu’elle avait de moi ?

« C’était comment de vivre sans moi ? » après une petite pause je repris la parole « Severus a finit par craquer. Je pourri dans un cercueil… »

Ca ne semblait pas plus m’affecter que cela. Mais en vérité, je n’avais toujours pas digérer l’information qui restait coincée dans ma gorge. Il avait eut l’air de dire que j’étais morte comme une pauvre conne. Que je n’avais eue que ce que j’avais mérité. Mais la manière dont l’on s’était littéralement sauté dessus m’avait laissé comprendre qu’en vérité, je ne lui avais jamais autant manqué.

Le regarde de la Serpentarde ne semblait pas réellement savoir où se poser. Il était clair pour Némésis que me voir dans un tel état ne devait pas être si facile, mais si elle possédait le caractère de mon bien aimé, elle pourrait sans problème passer au dessus. N’avais-je pas pu observer le Severus adulte faire abstraction à son irrésistible envie de me faire la morale en me soignant ? Que voulez-vous que je vous dise ? Je savais parfaitement qu’il y avait d’autres vies en jeu que la mienne. N’était-ce pas pour cela que j’avais donné ma liberté et ma fidélité à un psychopathe ? Un soupire s’échappa de mes lèvres lorsque ma future fille s’était crue bon de m’engueuler. Du moins, de commencer à le faire. Je n’étais pas responsable ce qui était arrivé, non loin de là. Je savais que j’avais empoisonné l’esprit de Dimitri durant toutes ses années, mais n’était-ce pas ce qu’il m’avait demandé ? Une relation tordue au plus haut point, du sexe débridée et aucun attachement ? Il avait donc eu tout ce don il avait rêvé alors pourquoi en réclamer plus quand je ne voulais plus jouer ?
C’avait surement été trop dur pour le vert et argent de supporter ce refus, si bien qu’il avait fallut qu’il pense qu’il ait des sentiments pour moi. Moi, l’ombre d’un jeu d’acteur et d’une envie sans borne de s’amuser. Voila ce qu’était Aliera, c’était la face joueuse et fêtarde de ce que j’étais. Sauf qu’il n’y avait jamais aucune limite à cette envie de jeu. Mordant ainsi tous ce que la vie pouvait m’offrir.
Quand enfin, elle eut finit de me faire ses remontrances, levant les yeux au ciel, je lui répondis sur le ton de la conversation, essayant de contrôler le ton que j’utilisais, car même si j’étais sous l’effet des potions calmantes, je savais que je pouvais toujours m’échauffer, et la pauvre Némésis n’était pas responsable de ce qu’il se passait et si je trouvais son attirance pour Simms dérangeante, je ne pouvais pas non plus la forcer à me croire.

« Je ne suis pas la seule joueuse sur le jeu. »

Détournant le regard, Némésis ne dit plus rien, préférant regarder ailleurs tandis que je me relevais de mon lit, m’essayant dedans et faisant une sorte de robe avec le drap sui blanc de mon lit. Me tournant vers l’une des tables de nuits ce fut pour prendre mon paquet de cigarette mentholée et en claqué une entre mes lèvres pour l’allumer et en tirer mes premières bouchées. M’installant alors plus correctement dans le lit, j’avais relevé les coussins pour me faire un dossier et y planter mon fessier et dos dessus. Bien que la position me fasse un bien fou aux jambes, le dossier lui me tira une petite grimace de douleur. La plaie pouvait faire quelques caprices lorsque je prenais certaines positions. Remontant les yeux, je n’avais pu m’empêcher de tourner mon regard vers ma future progéniture. Elle semblait réellement mal alaise du fait que j’ai mis le sujet de ma mort sur la table. Je pouvais le comprendre, mais d’un coté, j’étais curieuse. Manquais-je réellement aux autres ? A tous ceux qui m’avaient connue ? A priori, le fait que j’ose ne serait-ce aborder le sujet avec la jeune femme ne semblait pas lui plaire.
Surement trop choquée par le fait que ce soit son père qui ait lâché le morceau. Mais coucher avec Severus avait certains bons cotés. Vulnérable, il ne pouvait plus rien me cacher, je le connaissais trop bien pour savoir comment obtenir ce qu’il me cachait. Certes, il avait refusé de me dire comment j’étais morte, mais je savais que je finirai par obtenir gain de cause et connaitre toute l’histoire.

C’est alors que Némésis se retourna vers moi et se remit à me faire la morale. Mais, qu’est-ce qu’elle avait pu bien manger au petit déjeuner pour se transformer en mini Severus ? Observant d’un regard de scanner la jeune femme, je cherchais à détecter chez elle toute attitude différente… Qu’est-ce qui avait bien pu changer en quelques jours ? Et alors qu’elle se pencha, rapprochant son visage du mien, je me rendis compte d’une chose : Ném avait plongé dans la poudre de lutin, et Severus mettrait ca sur mon dos, sans attendre une quelqu’on que explication de ma part.
Comment l’avais-je deviné ? Hey bien, je suis une junkie, les gens comme moi peuvent détecter les autres en un seul regard…

« Qu’est-ce qui te fais croire que je suis le puppetmaster ? »

Oui, qu’est-ce qui pouvait lui faire penser que je tirai les ficelles ? Je ne faisais que d’obéir à ce que l’on me demandait et ce, dans le but de protéger ceux que j’aimais…

« Il n’y a pas de bon et de mauvais chemin petite droguée ! Il n’y a juste ce que l’on pense bien faire ou non. Et actuellement, tout ce que je fais et pour ton père et pour ton futur. Ton père qui n’a pas intérêt à apprendre que tu ne vaux pas mieux que nous deux… A croire que c’est de famille… »

Mais au fond, j’étais fière de Némésis qui sortait de ses frontières confortables. Qui essayait autres choses que d’être la petite fille si parfaite.