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 Sur un morceau de bois - Aliera Bizard

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Regulus A. Black
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MessageSujet: Sur un morceau de bois - Aliera Bizard   Sur un morceau de bois - Aliera Bizard EmptyMer 13 Juin - 18:42

17 ans avait passés et cette porte grinçait toujours autant, il faut croire que c'est normal. Plus le temps passe, plus les gonds sont usés et rouillés. Pourtant, je reste un instant dans le silence, écoutant le long grincement agaçant de la porte. N'était-je pas là pour faire de la musique ? Ceux se pensant philosophe diraient que la musique, c'est seulement du bruit qui pense ou du bruit pensé. Je ne suis pas philosophe.
Après avoir refermé la porte, j'apprécie un instant le silence qui suit. Étrange lieu pour apprécier le silence, la salle de musique, mais les murs et les fenêtres sont sûrement plus épais pour insonoriser. Ici, pas de rumeurs, pas de chuchotement, pas de cris, de rire, seulement le silence, une page blanche pour la musique.

La pièce a l'air poussiéreuse. Elle a toujours été poussiéreuse, mais je me demande si la poussière est la même que 1976. Au centre, un piano, recouvert d'un drap pour empêcher la poussière de s'y accumuler. Un piano vieillit-il ? Est-il nouveau ou est-ce le même de 1976 ? Ce questionnement trouve rapidement sa réponse lorsque d'un coup sec, j'ôte le drap et l'envoie sur un canapé non loin. C'est le même.
Aucune nostalgie ou joie ne vient m'emplir à la vue de cet instrument que j'ai de nombreuses fois utilisé. Ça n'est qu'un piano après tout. Pourtant, c'est avec beaucoup de délicatesse que mes doigts fins viennent caresser la surface lisse et propre du clapet. Doucement, je le relève pour découvrir les touches blanches et noires. Elles sont toutes là, elle n'ont pas jaunis.
Laissant un long soupir s'envoler dans l'air sec qui emplit la salle, je me demande si quelqu'un est vraiment venu ici ces dernières années. Mais une fois de plus, rien de différent par rapport à 1976. A chaque fois que je viens dans celle salle, j'ai du mal à croire que moi-même y suis déjà passé. A croire que quelqu'un passe à chaque fois pour lui donner son air vieux et abandonné.


Je me place, pied au dessus de la pédale, mains au dessus du clavier, sans vraiment savoir lequel des nombreux morceaux que je connais je vais jouer. Respirant lentement, je laisse l'automatisme décider de mes premières notes.
Elles tombent et c'est avec un petit sourire que je reconnais les premières notes d'un morceau apprit il y a un certain temps. Alors que j'avais quelques douzaines d'années, je me souvenais grimacer à ces premiers accords qui me sonnaient faux. Mais la partition était incontestable, et c'est suivant toutes les inscriptions que je continuais à jouer ce morceau qui me déplaisait. Mais c'est ainsi que je suis. Les fausses notes ne me déplaisent pas, et contrairement aux autres, je ferme ma gueule et les écoute avec attention jusqu'à ce que tout ce que les autres ne prennent pas la peine d'écouter. Du bruit nait la musique, nait la mélodie, une pépite d'or dans la boue.
Mes mains courent sur le clavier, observées par mon regard peu émotionnel. Je ne sais pas si je me souviens des partitions que j'ai pourtant longuement étudié, mais mes mains elles, jouent des touches comme des êtres indépendants dont la vie est de jouer ce morceau. Avec agilité et élégance, elles sautent et dansent et chantent comme moi je ne saurais jamais faire.

Le temps à passé. Nous sommes en 1993. Orion et Walburga sont sûrement de vieilles âmes ou même des corps putrides sous la terre. Pourtant, c'est avec autant d'assiduité et de perfection que pratique l'art de la musique, comme si le regard de mon père sur ma personne se ressentait encore dans l'agressivité et la fébrilité de mes gestes ordonnés.
Je suis un Black, un noble de sang pur, et peu importe quelle personne je suis née, c'est mon éducation qui a sculpté ma personne dans une roche malléable. Beau, fort, mon matériaux d'origine ne l'était peut-être pas autant que l'était celui de mon frère, mais sachant m'adapter, j'ai su me faire plus ergonomique, plus doué et même plus élégant. Qu'importe qu'un vase soit de terre lorsqu'on le serti de diamants ?
Les Blacks en l’occurrence sont maitres des toiles ternes aux cadres dorés, une chance pour moi, moins pour mon frère.

Les mouvements s'enchainent, comme les épreuves que j'ai su passé dans ma vie. Les obstacles sont moins difficiles lorsqu'on sait se baisser et passer en dessous. Et c'est humble mais fier que je finis le marathon.
Mes mains restent en l'air un instant, comme portant le son des dernières notes dans l'air jusqu'à leur mort et finit par ôter mon pied de la pédale pour marquer la fin de mon jeu de son bruit mécanique. Mais le silence me révèle une autre chose que le fait que je connaisse encore ce morceau par cœur malgré les années, et c'est la présence d'une autre personne. Bien que mon visage reste neutre, je grimace intérieurement. Je n’apprécie pas vraiment d'avoir un public.
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MessageSujet: Re: Sur un morceau de bois - Aliera Bizard   Sur un morceau de bois - Aliera Bizard EmptyVen 15 Juin - 6:18

    Des applaudissements cyniques avaient retendit de mes mains. Le sourire que j’affichais l’était aussi. Il m’était réellement étrange d’observer un autre élève que mes sœurs où ma fille (quoi que cela me faisait toujours étrange), jouer du piano que moi aussi, j’aimais tant.
    Le morceau avait été réalisé à merveille par le jeune musicien bien que l’instrument ait quelques défaut du à son âge mais aussi à son abandon total par les étudiants de 93 qui n’avaient guère le temps de s’adonner à de telles activités. Observant le jeune homme, je n’avais pu m’empêcher d’écouter sa petite prestation, un classique certes, mais par pur envie de déranger le jeune Black où tout simplement par envie d’avoir une confrontation avec un étudiant qui ne me fuyait pas comme la peste pour avoir été la petite amie de leur professeur de potion, je me rapprocha de l’étudiant, un grand sourire aux lèvres. Une fois assez proche du jeune homme, je m’appuyai contre le piano noir comme l’avait fait le grand frère de celui-ci quelques jours plus tôt. Bien évidement, je ne comptais pas finir les lèvres sur les siennes comme c’avait été le cas avec le Gryffondor.
    D’un petit air mutin, je pris la parole en fixant de mes eux émeraude le jeune homme. Je me demandais toujours comment il avait pu devenir un des plus proches amis de Severus. Certes, tout les deux étaient du genre Anti Serpentard et détestait leurs maisons, mais de là à devenir des égaux aux meilleurs amis… Non, cela me sortait par le nez. Je me demandais si tout les deux parlaient de moi dans mon dos. S’ils avaient des conversations sur leurs vies sentimentales. Après tout, l’on avait rarement vu Regulus au bras d’une demoiselle, alors que Severus, tout le monde savait depuis le début qu’il était amoureux de Lily. Enfin, jusqu’à ce que je débarque dans sa vie comme un cheveu sur la soupe !

    « Tu te débrouilles bien… Pour un gamin. Enfin, j’ai noté certaines erreurs dans ton jeu, mais personne n’est parfait, surtout lorsque la musique ne coule pas dans les gènes. »

    Une petite mimique qui disait que je voulais jouer avec ses nerfs apparut sur mon visage. Glissant les doigts sur le bois lustré du piano, je semblais prête à tout pour le pousser à bout… juste pour occuper mon temps. A vrai dire, ce n’était pas réellement le fait de le pousser à bout qui m’intéressait, mais ce qu’il pourrait me dire sur ce qu’il partageait avec Severus et dont je n’avais que rarement le droit de partager. Les hommes entre eux étaient différents de lorsqu’ils étaient en compagnie de leur petite amie. La douceur du bois sous mes doigts était réellement agréable. Et bien que je ne le montre pas, j’adorai cette pièce qui n’avait pas pris une ride en 17 ans. Contrairement à certains de notre époque qui avaient réellement mal vieillit.
    Enfin, ce fut en tapotant du bout des doigts le piano que je reposai mon regard perçant et joueur sur le vert et argent qui était présent. Comme toujours, il était seul. Avait-il réellement des amis en dehors de mon cher et tendre ? J’imaginais que comme tout le monde, il devait penser que lui et moi, était une farce. Une passade dans ma vie de débauche et de drogues. Mais que voulez-vous ? Parfois le destin vous tombait dessus sans que vous n’ayez votre mot à dire et Cupidon vous pointait de ses flèches empoisonnées d’amour.


    « Toujours solitaire, toujours trop discret. Seras-tu quitter ta carapace un jour ? Je serai curieuse de voir ce qui se cache en dessous… »

    Je savais qu’il ne me supportait pas. Mes petits airs de princesses, ma fâcheuse tendance à attirer le regard sur moi. Tout ce qui me faisait être connue dans cette école, il ne le supportait pas. Je le voyais bien discuter avec Rogue avant notre histoire, parlant de moi dans de mauvais terme, ne comprenant pas tout ce que je faisais. Ce besoin de m’exhiber sur scène et de danser comme une folle. Où bien celui de jouer un rock limite punk avec mes sœurs et de vouloir être connue.
    Tout ce qui me faisait moi, lui sortait par les oreilles et les yeux.





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MessageSujet: Re: Sur un morceau de bois - Aliera Bizard   Sur un morceau de bois - Aliera Bizard EmptyVen 15 Juin - 13:17

Des applaudissements viennent briser mon silence, mais au lieu d'être gratifiant, c'est un grand cynisme que je perçois dans cette simple percussion. Sans prendre la peine de me retourner, je sais très bien que quiconque se croit intelligent de m'interrompre de la sorte aura terriblement envie de se faire remarquer par lui même. Laissez moi deviner, quelqu'un qui a une raison pour venir en salle de musique, qui aime se faire remarquer et qui me connait assez pour préférer se moquer de moi plutôt que d'apprécier mon jeu. Je n'ai pas le temps de me demander laquelle des sœurs Bizard peut bien se trouver dans mon dos qu'une main annonciatrice se pose délicatement sur le bois du piano. D'un coin de l’œil, je découvre avec un hérissement de poil que c'est Aliera Bizard et ses dents blanches et bien alignées qui viennent se moquer de moi.
Sachant maintenant à qui j'avais à faire, je regardais fixement devant moi, préférant ne pas me faire trop de mal en observant toutes l'étendue du dédain qu'elle a pour moi. Figé sur ma chaise, je découvre avec un grand agacement que dans cette salle vide, l'acte de fuite était trop évident pour être possible. Respirant profondément, j'ai du mal à cacher mon exaspération même si je suis habituellement le maitre de la neutralité totale. Devant mon attitude froide et indifférente, le serpent ne tarde pas à siffler son poison.

Elle me traite de gamin et critique mon jeu, ainsi que ma famille, cachant vulgairement ses remarques derrière un faux compliment. On peut dire que pour être insupportable, celle-là s'y connait bien. Depuis toujours, j'ai essayé d'éviter cette peste et la tâche aurait été plus aisée si mon bon ami Severus n'avait pas été prit dans ses filets. Je ne lui avait jamais caché mon opinion négative sur sa fréquentation, mais cela m'avait valu d'être un peu trop remarqué par celle que beaucoup surnommait la Reine des Serpents. Mais ses crachats coule sur moi comme eau sur roche. Une courte année me sépare de son âge et contrairement à elle, je trouvait qu'être jeune n'était pas un réel défaut. L’innocence enfantine était un bien qu'elle n'avait su préserver, mais la sottise des jeunes années ne semblait pas l'avoir quitté. Quant à mon jeu, ses critiques m'étaient tout aussi intéressantes que celles d'un sourd aphone se pensant musicien. Je ne pense pas que la demoiselle manque de talent, mais il fallait croire qu'en terme de musique, nous n'avions pas du tout les même valeur. A vrai dire, le son grésillant et agressif des guitares électriques, des synthétiseurs et des percussions lui allait mieux que la noblesse et l'élégance d'un instrument tel que le piano.

"Merci."

Je me permet de lui répondre, sans méchanceté où frustration, espérant que voyant que son jeu ne m'affecte en rien la fasse partir plus vite. Aussi puérile que cela puisse paraitre, j'avais posé le pied dans cette salle en premier, et si la peste n'était pas capable de fermer son clapet et faire ce pourquoi elle était venu, elle n'avait qu'à repartir. Je n'avais aucune intention de me faire chasser comme un lépreux de dernière classe. Entre sang-pur, le respect est de rigueur, mais il faut croire que celle-ci n'a plus que le liquide rouge dans ses veine pour faire preuve de noblesse. Sans l'éducation de ses vrais parents, elle est tout aussi pure qu'une sang mêlé.
Le bruit de ses ongles tapotant la surface lisse et laquée du piano m'agace plus que ses mots dénués de sens et je me permet un regard vers sa main pour lui indiquer silencieusement de cesser cette nuisance.
Entendant que mon attitude discrète l'intriguait, je ne pu m'empêcher de me raidir sur mon tabouret. Mon attitude distante et spécialement ennuyeuse était là pour éloigner les phénomène nocifs comme la vipère qui se trouve devant moi, si ça commence à l'intéresser alors je suis franchement dans la bouse. D'ordinaire, je serais plutôt heureux qu'on s'intéresse à moi. Même si je suis presque tout le temps seul, cela ne veux pas dire que j'apprécie la solitude. Mais une fille comme Aliera Bizard, on pourrait me l'offrir gratuitement avec un lot de consolation en plus, je ne m'en ferais jamais une amie.
La gorge sèche, j'avoue ne pas vraiment savoir quoi répondre à une telle attente. Ma bouche est un lieu de poésie d'où sort des mélodies bien différentes du vacarme brut qui résonne dans mon esprit.
Comme seule réponse, je lui adresse un regard que j'ai du mal éclairer. Jamais en rêve, vipère.

Me repositionnant sur mon tabouret, je m'éclaircis la gorge comme si les indélicatesses menaçaient de quitter mes lèvres. Pourtant, regagnant mon calme, je me permets de lui répondre avec le plus de courtoisie dont je pouvait faire preuve envers elle, c'est à dire très peu.

"Vous n'êtes venue pour m'écouter jouer ou chercher sous ma carapace, mais pour jouer je présume. Pardonnez mon impolitesse mais je ne crains avoir terminé."

Il est vrai que mon éducation m'empêche d'être vulgaire, mais aux oreilles d'une vraie sorcière de sang pur, le froid rejet que le me permettait était tout aussi impoli qu'un doigt d'honneur et qu'une grimace hideuse. Portant mes mains au dessus du clavier, je ne laisse pas l'indélicatesse à cette simple remarque et m’apprête même à reprendre la pratique de la musique malgré la présence indésirable de la chère demoiselle.

"Excusez."

Avec froideur et un petit signe de tête, je me permet même un sourire au diapason de son propre cynisme.



J'abats mes mains avec force sur les touches dans un morceau plutôt agressif, relâchant sans le vouloir mon ressentiment pour la personne qui se trouvait dans la même pièce que moi. Mais restant tout aussi neutre qu'à mon habitude, seuls mes doigts se permettent une telle agressivité envers ma camarade de Serpentard. Elle qu'y s'y connait un peu en musique y verra peut-être le "dégage" peu délicat qui résonnait dans les notes. Mais mon attitude discrète et distante n'a apparemment que fait l'intriguer, alors qui sait ce quelle ferait de mon rejet détourné.
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MessageSujet: Re: Sur un morceau de bois - Aliera Bizard   Sur un morceau de bois - Aliera Bizard EmptyLun 18 Juin - 5:35

    Malheureusement pour Regulus, l’on ne se débarrassait pas de moi si facilement. Je l’écoutais se vautrer dans sa politesse, dans son éducation tiré à quatre épingles et j’étais bien heureuse d’avoir perdu mes parents et de n’avoir eu droit au même genre. Certes, perdre ses géniteurs avait toujours été un drame pour moi et pour mes sœurs qui aussi avaient perdu les leurs. Tranquillement appuyée contre le piano, je le laissais s’ébattre avec celui-ci. Il devait surement nourrir l’espoir de me faire fuir. Malheureusement pour le jeune homme, c’était mal me connaitre. Je jouais certes, principalement un rock assez grunge voir parfois punk, mais ce n’était pas pour cela que je ne connaissais pas mes classiques.
    Lorsqu’il eut enfin terminé de jouer. Je n’étais toujours pas partie. Au contraire. L’idée que je pouvais profiter d’un pianiste me vint à l’esprit. Ce n’était pas à mes deux sœurs cadettes que l’on allait apprendre à jouer du piano, elles étaient tout deux peu patient pour ce genre d’instrument. Après tout, l’une était guitariste et l’autre batteuse. Deux instruments bien loin du piano.
    Regulus devait surement se demander pourquoi je semblais vouloir rester. Car si celui-ci en avait finit avec moi, ce n’était réellement pas réciproque. Bien qu’il ne souhaitait me laisser entrevoir ce qu’il cachait sous sa carapace de torture, moi, je n’allais pas me gêner pour avoir un moment de détente, bien que celui-ci pourrait paraitre extrêmement court. Sortant ma baguette de ma poche de jupe, je me retournai vers le piano en bois, toujours aussi bien lustré. D’un sort non formulé, je fis apparaitre un violon ainsi que son archer. Le sort prenait son temps pour faire apparaitre l’instrument. Ma mains faisaient des petits cercles comme pour aider le dit sort à aller plus vite.
    Une fois le duo apparut et terminé, je m’assis sans aucune froideur aux yeux sur le dit piano et lança un petit regard de haut (parce qu’évidement, il était plus bas) au jeune Serpentard qui avait eut le malheur de débarquer avec nous en 1993. Un jour, je devrai demander à Severus ce qu’il a toujours trouvé au jeune homme. Certes, tout deux étaient solitaires, mais franchement. Regulus était d’un ennuie enfermé dans sa cage !
    Mon petit air de diablotin affiché sur mon visage, j’observais le vert et argent. J’avais envie de voir ce qu’il valait en duo. Le jeune homme devait certainement être étonné de voir que j’avais plus d’un tour dans mon sac. Je faisais partie de cette jeunesse dorée qui lorsqu’elle était chez elle, ne sortait pas. Quand nous étions en vacances, ma vie se résumait à la musique. Je prenais des cours depuis que je savais marcher. Ma mère biologique, lorsqu’elle était envie, m’avait apprise à jouer du piano. A sa mort, l’adoptive reprit cette habitude en embauchant un professeur de musique. Il s’était rapidement avéré que j’avais un réel don pour la musique. Après le piano ce fut l’apprentissage du violon et enfin de la guitare. Evidement, je n’avais jamais réellement prit de cours de chant. Je n’avais pas eu pour ambition a l’époque de devenir chanteuse. D’un coté, pour gueuler sur le son strident d’une guitare électrique, je n’avais pas réellement besoin de savoir chanter, du moment que je pouvais hurler durant des heures. Pas que je chantais mal, non, personne ne chante mal. Nous avons tous un niveau différent, rien de plus…

    Portant sur mon épaule le violon, je l’accordai durant quelques minutes jusqu’enfin, la tonalité de celui-ci me corresponde. Toujours assise sur le piano, je reposai le regard sur mon camarade de maison. Il était temps pour lui de recevoir son défi. Il ne restait plus qu’à voir si celui-ci allait le relevé.


    « Je partirai si tu acceptes de jouer avec moi... »



    Je n’avais pas besoin de partition, c’était l’une des compositions que l’on me faisait souvent revoir durant les vacances. Comme si celle-ci était d’une importance à toutes épreuves. Je ne l’attendis pas réellement, commençant les premières notes et le laissant me rattraper. Yeux fermés, cheveux en arrières, je jouais sans aucune retenue. Je n’étais pas lui après tout. Parfois je balançais mon buste en fonction des notes que je jouais, comme envoutée par le son de mon violon.
    J’aimais cette partition. Le violon jouait une sorte de danse sensuelle avec les notes que sortait du piano. Un mélange quasi parfait et un accord aussi fragile que l’amour d’un soir. Une danse parfois joyeuse, comme lorsque vous pensez vivre la parfaite idylle, qui finissait toujours par devenir une sorte de tragédie trop rapide à suivre. Comme une dispute qui se répondait en un écho mutuel. Un combat qui finissait par faire crier une certaine souffrance au violon, qui plus désespéré que le piano s’abandonnait dans une danse de manques et d’un amour bafoué, un amour bien trop fou.
    Tout cela, c’était la danse de deux instruments complémentaires et pourtant, qui pouvaient se retrouver l’un sans l’autre sans aucune hésitation…


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MessageSujet: Re: Sur un morceau de bois - Aliera Bizard   Sur un morceau de bois - Aliera Bizard EmptyMar 19 Juin - 11:43

Je continuais de jouer mon morceau dans l'espoir qu'Aliera se lasse, parte ou m'interrompe, mais cette dernière resta là, patiente et attentive, me guettant avec mépris comme un prédateur attend le moment crucial pour bondir sur sa proie. Cette fois-ci, elle aura bien le droit de me dire que je fais des fausses notes car la boule que je ressens dans mon estomac à avoir une telle spectatrice raidit mes doigts et embrume mon cerveau. C'est avec difficulté que je laisse les automatismes de dérouler sur le clavier et je me trouve contraint de faire preuve d'une grande concentration pour finir correctement le morceau.

C'est en agressant le clavier des derniers accords que je m'arrête, ne laissant cette fois-ci aucun souffle pour l'écho mélodique de cette étude ratée. Restant un instant immobile, je me trouve coincé entre ma fierté et mon désir de fuir la femme qui m'observait toujours. Après un certain temps de silence tendu, je me permettait un regard noir en sa direction, lui intimant une nouvelle fois de partir. Mais je savais qu'il n'y avait rien à faire avec ces filles têtues, vulgaires et bruyantes. Celles là, il vaut mieux les éviter, me disais-je constamment en les croisant dans les couloirs, pourtant aujourd'hui, je n'avais pas très envie de faire un détour pour leur laisser la voix libre. Les Bizards. Peut-être était-ce mon avis très défavorable sur le bruit qu'elle produisait en clamant être de la musique qui me faisait tenir tête à leur chanteuse en ce lieu d'art subtile ? En tout cas, je restais fermement posté sur mon tabouret de piano, décidé à ne pas céder.

C'est avec un petit hérissement de poil que j'observe alors Aliera saisir sa baguette et lancer un sort non formulé. Je ne sais pas si je la croyais capable de me faire du mal par pur sadisme, mais j'espérais ne pas avoir à le découvrir pour une simple place dans la salle de musique. Heureusement, la peur fut rapidement remplacé par de l'intrigue lorsque dans l'air apparu magiquement le manche d'un instrument qui m'était très familier. Doucement, le violon se matérialisait pour finir dans la main manucuré de ma camarade. Je ne comprenais toujours pas, voulait-elle me le fracasser sur le crâne ?
L'idée qu'Aliera veuille jouer en duo avec moi ne me venait même pas l'esprit tant l'idée me paraissait ridicule, mais en la voyant s'assoir sur l'instrument que je jouais et armer son propre instrument, je ne pus que me faire à l'idée qu'Aliera était une personne plus tordue que je ne le pensais.
C'est toujours sans grande tendresse dans mon regard que je l'observe, tenant tête à son regard hautain. Celle-ci a du talent dans l'humiliation et peu importa à quel point je me méfie, je n'arrive pas à me défaire de l'horrible sentiment qu'elle arrivera un jour à me rouler dans la boue et se servir de mon dos comme essuie pied.

Elle accepte de me laisser tranquille mais me lance un défi, et sans même attendre mon refus catégorique de participer à une quelconque activité proposée par la vipère, elle se lance dans un morceau que j'ai le malheur de reconnaitre et de connaitre. Déjà je sentais dans mon esprit les nombreuses heures à travailler ce morceau revenir à la charge et me dérouler la partition devant les yeux. Je ne pouvais ignorer ce morceau, mais en plus, connaitre la partie du piano aussi bien que celle du violon me poussait à admirer le jeu d'Aliera Bizard que je je m'attendais à manquer de lyrisme et de délicatesse. Il n'en était rien. Emporté par la musique, la Reine des serpents ondulait dans une danse passionnée que je ne pouvais qu'observer sans vraiment comprendre. Si une chose me manquait dans ce domaine par rapport aux Bizards que j'adorais critiquer était la passion. Ce sentiment si fort qu'il emportait corps et esprit dans quelque chose qui nous tient à cœur, c'est quelque chose que la rigidité de mon éducation n'encourage pas.
Pourtant, c'est presque sans pouvoir me contrôler que je réponds à son élégante invitation musicale par la puissance et la profondeur des notes du piano. Et ainsi lancés, nous échangeons bien plus de chose que nos deux personnes ne s'accorderait jamais. A travers le rythme et les notes se frappent acidité et amertume et violence que je ne me permettrais de faire preuve ouvertement. Mais douceur et sensualité se glisse aussi dans le morceau et c'est avec un certain étonnement que je me rend compte que nos deux jeux s'accordent sans trop grande difficulté. Le morceau à certes été écrit pour deux, je m'attendais à une partenaire trop impatiente pour m'attendre dans ses mesures et s'accorder de ma progression régulière et professionnelle. Mais avec beaucoup de classe et de talent, elle sautillait sur mes propres accords.

Sans impatience, sans stress, je me fais petit à petit à la compagnie de la Reine des serpents qui se fait moins oppressantes au fur et à mesure des forte et des piano où selon la volonté de Beethoven violon et piano se succèdent à la place de force et d'égalité. Je ne me permet pas plus de regards vers Aliera que la synchronisation musicale me le demande, mais à chaque fois, c'est un peu de surprise qui teinte mes iris clairs à la vue d'une musicienne bien plus talentueuse que la brailleuse que j'ai eu l'horreur d'observer à quelques courtes reprises. L'humilité lui manquait certes sur certaines notes, mais la demoiselle semblait bien plus élégante ainsi que se pavanant comme une trainée dans le château aux bras de différentes victimes. C'est comme si à travers ce morceau, je redécouvrais la noblesse que je pensais perdue chez l'orpheline. Dommage que son apparence de catin ma rappelle que le joyeux est malheureusement profondément enfouis sous une épaisse enveloppe se chair sale.
Mon ami saura-t-il déterrer le trésor que je peux sentir vibrer sur les cordes tendues du précieux instrument ? Quelque part, je l'espère pour tout les deux bien qu'une séparation me paraitrait moins fastidieuse et plus propre.

Approche la fin du long échange et étrangement, je me sent partagé entre le soulagement et la déception. Ce petit duo n'était pas si désagréable qu'il m'avait paru au premier abord. Moi qui était tout le temps seul, discret, distant, je n'étais pas du tout quelqu'un qui aimait la solitude. N'étant pas très populaire, je m'étais fait à ce sentiment froid d'abandon, mais j'appréciais toujours un peu de compagnie. Et en ce moment de seule musicalité, celle d'Aliera n'était pas aussi détestable que ce que je pensais. Peut-être percevait-elle un peu en dessous de ma carapace, l'être sensible et seul que j'étais dans ma cage d'argent ? Je ne sais si je le souhaite vraiment, car alors elle aurait une idée plus précise de où percer et injecter son poison.
Sont jetées les dernières notes classiques et retombe rapidement le silence où aucun applaudissement ne vient chasser le malaise qui s'installe entre nous. Inconfortable dans une telle fin de notre duo, je me lève doucement de mon siège où je n'avais daigné bouger et fait face à Aliera. Sans autre expression que mon habituel visage neutre et courtois, je m'incline avec élégance devant ma partenaire.

"Merci."

La remerciant simplement, sans trouver autres mots ni explications à exprimer après cette agréable expérience, je me permets un discret sourire envers cette personne que je ne supporte pourtant pas plus qu'auparavant. Me plaçant derrière le tabouret, je m'éloigne du clavier du piano, indiquant implicitement que je n'étais plus aussi borné quant à ma décision de rester. Bien qu'Aliera avait précédemment indiqué qu'elle serait prête à partir après un duo, j'étais conscient que ça n'était pas dans cette intention que l'adolescente était venue à la salle de musique. J'avais fait mon temps de jeu et je ne souhaitais pas vraiment être le méchant ou le puéril de l'histoire en chassant la musicienne comme une malpropre. Clarifiant mes intentions, c'est en m'inclinant une deuxième fois que je m'adresse à ma camarade.

"Je suis enclin à partir si vous le désirez."
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MessageSujet: Re: Sur un morceau de bois - Aliera Bizard   Sur un morceau de bois - Aliera Bizard EmptyJeu 21 Juin - 18:23

    Lorsque le vert et argent eut finit son passage de nerf sur ce pauvre piano qui n’avait rien demandé, il avait écouté comme trop surprit d’une telle proposition mon défi. Interdis, le jeune homme n’osa réellement répondre à l’invitation, il devait surement peser le pour et le contre en se demandant dans quel genre de jeu pervers je m’étais lancée. Méfiant, Regulus devait surement se dire qu’ainsi je pouvais mieux transpercer son âme et appuyer là où cela faisait mal. Parfois, il arrivait à ce que les gens se fassent une mauvaise idée de votre personne. Malheureusement, vous ne pouviez pas franchement changer ce genre d’idée. La plupart du temps vous devriez vivre avec et vous y faire. Je m’étais faite à la réputation de fille facile vulgaire et insupportable. Le jeu que j’avais joué durant ses années avaient portés ses fruits. Si bien, qu’il avait été difficile pour ne serait-ce Severus, d’accepter la vérité à mon propos. Au fond, tout au fond de moi, coulait le lyrisme des notes passionnelles de la musique. L’amour de la beauté. L’envie de vivre comme si je n’avais pas de lendemain…. Bien plus profond encore, je nourrissais une passion secrète pour la romance que je vivais avec mon cher et tendre. Qui aurait pu croire que j’avais deux personnalités bien distinctes, deux attitudes et deux apparences ? Personne. Aucun des étudiants pouvaient se douter de tout ce que je cachais en moi, de toute cette douceur et de cette joie de vivre qui me faisait moi, digne fille de ma mère biologique ?
    Lorsqu’enfin le sang pur se décida à suivre mes notes au piano, ce fut une sorte de danse bien plus intense pour moi, la passionnée de musique, que pour lui, qui ne se détachait pas des chaines que son éducation lui avait fournie. Toujours assise sur le piano, toujours me balançant, voir dansant sur les notes, mon violon continuaient de sautiller et de faire le malin sur les notes que produisaient les doigts du jeune homme. L’échange dura tout le long du morceau. Si bien que lorsque celui-ci finit, je fus plus que surprise de voir le jeune homme quitter son emplacement pour se positionner devant moi et s’incliner. Décidément, le Serpentard pouvait se révéler bien plus intéressant que je ne l’aurai pensé. Quand il jouait, ses notes se révélaient d’une tristesse et d’un manque de compagnie accrue. Seul un véritable musicien pouvait déceler ce genre de sentiment à travers une partition, car lui seul connaissait ces partitions sur le bout des doigts pour y avoir passé des heures et des heures de répétitions. Qui aurait pu penser que le Black aurait largement préféré avoir plus de compagnie ? Lui qui se complaisait dans sa solitude. Observant de mes yeux vert émeraude le jeune homme toujours aussi neutre et toujours aussi courtois s’incliner. Ce fut un petit sourire doux et rare à observer qui apparut sur mes lèvres pulpeuses. Voila que maintenant le jeune homme réservé se proposait de partir. Au final, s’il ne me gênait pas, pourquoi ne resterait-il pas ?
    Je pouvais me révéler de bon cœur, je n’étais pas si méchante que je n’y paraissais. Après tout, je sortais bien avec Rogue, le jeune homme le plus critiqué des Serpentards. Une critique, que j’avais moi-même osé formuler fut un temps. D’une voix presque chanteuse, j’ouvris la bouche afin de l’inviter à rester si celui-ci le désirait. Après tout, tout ce dont il avait besoin était de se détacher de ses chaines. De l’éducation tirée à quatre épingles qui lui pourrissait la vie.


    « Si tu le souhaites, tu peux rester. Je ne te mangerai pas. »

    Toujours assise sur le piano, je portai à mon épaule le violon qui était apparut par magie quelques minutes plus tôt. Archer posé sur les cordes, je lui fis crier quelques sons de souffrances avant de reposer le regard sur le vert et argent. Il était si différent de son frère. Ses parents avaient du passer plus de temps à resserrer son éducation et à la rendre plus stricte. Je les voyais bien levé la main sur leur petit dernier afin d’être sur de se faire comprendre par ceux-ci. Etre sur que le jeune homme serait tout ce qu’ils attendaient de lui. Un fils parfait. Trop parfait.

    « Connais-tu Ventiquattro capricci ? » avais-je demandé avec un accent italien bien trop parfait pour être simulé. « Je trouve que c’est l’étude qui correspond le plus à ce que tu ne peux supporter entre Sev’ et moi… »



    Défaisant le regard du jeune homme, je me mis à jouer l’étude de Paganini. Du bout de mes doigts, je faisais hurler de douleur où de joie mon instrument à cordes. Les yeux fermés, je la jouais comme si je l’avais dans le sang et d’un coté, je l’avais réellement dans la peau. Quoi de mieux qu’une italienne pour jouer une partition de son propre pays ?
    Dansant toujours autant sur la partition qui se déroulaient au fur et à mesure dans ma tête. Ce fut sans réellement m’en rendre compte, sous le coup de l’émotion de la passion qui se dégageait de ma propre musique, que mes cheveux changèrent de couleur, passant du brun au blond, d’une longueur lisse à une longueur bouclé. Des boucles de poupées. Boucles que je n’avais jamais réellement appréciées.
    Il y avait de bon cotés à être métamophe, l’on pouvait changer d’apparence à volonté. Cacher celle que l’on avait toujours eue pour une meilleure, une plus sensuelle et plus charmeuse. Beaucoup c’était demandé si je n’avais pas du sang de vélane. Mais à vrai dire, je savais juste manipuler mon petit monde et mon apparence. Une apparence pulpeuse et charmeuse. Celle d’une parfaite petit pin up, aux formes bien choisies et pensées.


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